Un appel à placer la recherche scientifique sur les régions polaires et les glaciers au cœur des priorités internationales des prochaines années.

Avec un réchauffement climatique s’approchant des 1,5°C, les scientifiques prévoient qu'au moins la moitié des glaciers actuels disparaîtront d'ici 2100. La calotte glaciaire du Groenland a perdu 4 890 milliards de tonnes (Gt) de glace depuis 1990, et celle de l'Antarctique a perdu environ 2 670 Gt de glace entre 1992 et 2020. Cette perte de masse a été multipliée par quatre en 30 ans et devient de plus en plus grave : sans efforts rapides d'atténuation au niveau mondial, les estimations les plus élevées des émissions de gaz à effet de serre provenant de la fonte du pergélisol au cours de ce siècle pourraient réduire considérablement la capacité à limiter le réchauffement à 1,5 °C. 

Si les effets du changement climatique sur la cryosphère ont des implications environnementales, économiques et sociales aux niveaux local, régional et mondial, leur cause est principalement liée aux activités humaines exercées en dehors de ces régions. Ces changements pourraient avoir des conséquences irréversibles sur les risques de catastrophes naturelles, sur les écosystèmes et sur les êtres humains, et affecter la sécurité alimentaire et hydrique de près de deux milliards de personnes dans le monde. De plus, la fonte d'une partie de la cryosphère, en particulier des glaciers et des inlandsis du Groenland et de l'Antarctique, est responsable d'environ 50 % de l'élévation du niveau de la mer et a des répercussions directes sur le réchauffement croissant des océans.

Banquise disloquée

Dans ce contexte alarmant, il est essentiel de mener de nouvelles recherches scientifiques sur les pôles et les glaciers, afin de mieux comprendre leur fonctionnement et les conséquences de leur effondrement. Les efforts doivent être plus intenses et plus réguliers pour faire face à cette crise de la meilleure manière possible. La nécessité de trouver de nouvelles opportunités pour renforcer les moyens de la communauté scientifique et accélérer les recherches est donc cruciale.

Pour traiter les problématiques liées à la cryosphère, les scientifiques ont créé les Années Polaires Internationales (API), un rendez-vous étalé dans le temps pour encourager les efforts de collaboration internationale avec une recherche intensive axée sur les régions polaires. Pour aller au-delà et soutenir les efforts de l’initiative des API, une nouvelle initiative a été lancée au One Planet - Polar Summit : la Décennie de l'action pour les sciences de la cryosphère. 

Ce projet a été étudié en étroite collaboration avec les Nations Unies, en particulier avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Le Conseil International de la Science (CSI) et les organisations du Système du Traité de l’Antarctique (RCTA et CCMALR) sont également impliqués.

Table ronde scientifiques au One Planet - Polar Summit
Appel de PAris 3

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L’objectif est de mobiliser tous les États, ainsi que la société civile, et d’encourager le déboursement de « fonds blancs » à la mesure du défi. Cela fournira à la recherche scientifique internationale des ressources considérables et concertées qui permettront :

  • De mener des projets internationaux ambitieux visant à comprendre les mécanismes à l’œuvre dans l’effondrement de la cryosphère (pôles et plateaux glaciers d’altitude) et son impact sur les socio-écosystèmes associés ; 
  • D'augmenter la portée des observations et ainsi cartographier les scénarios les plus plausibles pour l’évolution future de la planète sous les effets du changement climatique, la création de nouvelles voies de navigation, l’exploitation des ressources naturelles, la pollution chimique et plastique de ces environnements, la perte de biodiversité et ses conséquences pour les êtres humains et l’équilibre du monde, ainsi que la montée dramatique du niveau de la mer à l’échelle mondiale. 

Le cadre de la Décennie de l'action pour les sciences de la cryosphère (2025-2034) commencera avec l’Année des glaciers en 2025 et sera lié à la cinquième Année polaire internationale (API), qui aura lieu en 2032/33 et est coordonné par le Comité international de la science arctique (IASC), le Comité scientifique de la recherche antarctique (SCAR), lOrganisation météorologique mondiale (OMM, le Conseil International de la Science (CSI) et d’autres organisations internationales de science polaire et autochtones. Ce cadre permettra d’obtenir de nouvelles ressources multilatérales pour la recherche scientifique, sur le modèle de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030) actuellement en cours. 

Cette initiative permettra également de promouvoir des objectifs connexes, à savoir :

  • L’amélioration du niveau de sécurité dans les espaces polaires 
  • La réglementation du trafic maritime dans l’Arctique
  • L’exploration et l’exploitation des hydrocarbures
  • Le tourisme dans les régions polaires
  • Le soutien à l’éducation sur les glaciers et les pôles 
  • De nouveaux engagements européens et internationaux sur l’objectif 30x30 de l’accord Kunming-Montréal
  • Les aires marines protégées
  • La co-construction de programmes de recherche en consultation avec les communautés locales.

Le 13 août 2024, l’Assemblée Générale des Nations Unies a officiellement adopté la résolution, co-facilitée par la France et le Tadjikistan. La Décennie de l’Action pour les Sciences de la Cryosphère sera lancée au début de l’année 2025.